La révolution est déjà là

Pour introduire le dernier numéro avant la pause estivale de la Newsroom, notre cofondateur Hamza HRAOUI a signé un édito décisif. En perspective avec la conversation de Martin Tisné, il évoque dans son texte la nécessité absolue pour les pays du Sud, de prendre leur destin en matière d’IA en main. C’est le moment ou jamais.

La chose la plus difficile pour un révolutionnaire, expliquait Trotski, c’est de savoir quoi faire le lendemain de la victoire.

Il ne fait aucun doute, même dans les capitales des pays les moins développées, ce que nous vivons aujourd’hui avec l’IA est bien une révolution. Elle est massive, multidimensionnelle.

Nos vies sont aujourd’hui codées par une poignée d’hommes puissants et omnipotents, qui ne cachent plus leurs orientations politiques. Les GAFAM contrôlent notre accès au savoir, régissent notre consommation, et façonnent nos interactions sociales.

Google a annoncé récemment les premières expériences médicales sur des hommes à partir de médecines conçues avec l’IA. Plusieurs experts en IA, plus ou moins impliqués dans son développement affirment qu’il sera possible dans la prochaine décennie de développer une IA permettant de communiquer avec certains animaux.

Il n’y a pas de doute, la révolution est là. Elle est inéluctable.  

Pour les dirigeants, du Nord comme du Sud, l’enjeu est brutal : anticiper ou subir.

Les États, mastodontes trop lents à redéfinir un cap, tanguent déjà sous les seuls effets de ChatGPT. Et demain, qu’en sera-t-il ?

Les avancées de l’IA sont vertigineuses, mais derrière les promesses se creuse une fracture béante : celle qui oppose les hyper-puissances techno-politiques aux pays relégués à la périphérie.

Le Sud ne peut plus attendre. La technologie peut permettre des bonds de développement que l’Europe a mis 30 ans à accomplir. Mais l’horloge tourne. La démographie explose, menaçant de transformer le fameux « dividende démographique » en bombe sociale et de fragiliser l’Etat providence naissant.

L’IA nous force à lever le capot du futur. Armageddon ou renaissance ? Peter Thiel, interrogé par Le Grand Continent, y voyait le risque d’« une fin du monde… un peu plus dynamique ». Alors cet été, nous avons voulu donner la parole à Martin Tisné, cofondateur de Current AI. Car une question centrale reste sans réponse : quelle place pour le Sud, et pour l’Afrique en particulier, afin de naviguer dans cette guerre qui ne dit pas son nom de l’IA ?

Ce ne sera sans doute pas votre lecture exclusive des vacances, mais nous voulons que notre communauté de pensée saisisse l’importance de ces questions. Car au fond, nos années 20 s’écrivent déjà comme une décennie décisive, avec une accélération inédite du cours de l’histoire.

Merci pour votre fidélité.

Bel été.

Hamza HRAOUI