Analyses

Publié le : 20/09/2020

Conflit libyen : Le Maroc est l’acteur régional le plus crédible.

Le Maroc n’a jamais oublié la Libye. Boudé à Berlin, lors de la conférence organisée le 19 janvier dernier sous l’égide de l’ONU, n’ayant pas d’intérêts économiques immédiats à Tripoli, ni de force militaire projetée, le pays s’appuie sur son principal atout : sa neutralité constructive.

La dernière rencontre inter-libyienne de Bouznika du 6 et 7 septembre derniers, appelée  »Alhiwar Allibi » (Dialogue libyen), organisée sous la houlette de Nasser Bourita, ministre des Affaires Etrangères du Maroc, est en ce sens la meilleure incarnation de l’activisme constructif du Royaume sur ce dossier. Les ramifications des puissances régionales et mondiales sur le conflit libyen rendent la tâche extrêmement complexe. Jamais un pays maghrébin n’a été à ce point en proie à des immixtions étrangères, depuis 50 ans.

Percées diplomatiques marocaines

La réussite des pourparlers de Bouznika sont le fruit d’un travail diplomatique de fond initié par le Maroc depuis les accords de Skhirate.

La posture de la diplomatie marocaine est efficace : Pas d’énième plan ou de processus de pacification, mais une reprise de dialogue sur un terrain neutre et sans conditions préalables. Et cela fonctionne. Non seulement tous les protagonistes libyens ont répondu présents, entre les représentants du Parlement de Tobrouk et le Haut Conseil d’État basé à Tripoli, mais la déclaration finale laissait entrevoir un ultime espoir de réconciliation, en abordant les très sensibles nominations régaliennes: «un accord global sur les critères et les mécanismes transparents et objectifs pour occuper les postes de souveraineté». Sans oublier le butin de guerre précieux obtenu par Rabat : le maintien du cessez-le-feu.

Nasser Bourita, Ministre des Affaires Etrangères du Maroc présidant la rencontre de Bouznika. (Ph. Map)

Rester vigilant et maintenir la pression.

La neutralité positive marocaine porte ses fruits donc mais devra être sanctuarisée. Les forces extérieures présentes ont certainement un autre angle de vue, d’autres agendas, et tout le défi du Maroc consistera à convaincre Ankara, Moscou et d’autres pays européens impliqués, du bien-fondé de sa démarche. La pédagogie marocaine a déjà fait ses preuves et ne elle réussira pas à trouver une résolution définitive et immédiate au conflit libyen, le Maroc retrouvera sa centralité sur l’échiquier de la gouvernance régionale.

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